Nus, si nus,
Si faibles, armés de maigres certitudes.
Chaque pas soulève la poussière d'une croix,
Chaque visage clos nous est une brûlure.
Sur nos corps amarrés aux grandes lassitudes,
Quel infime soleil pour quelles pauvres joies?
***
Avons-nous oublié la terre?
Oublié cette tendre demeure
Chargée, déjà, du poids des heures...
La terre n'est plus bleue, mais lourde des hivers,
Et le goût de l'orange déserte nos mémoires,
Et l'oiseau du plaisir s'en retourne aux grimoires.
Les oiseaux maintenant, il faudrait le crier,
Meurent au bord des mer froides, au coeur des marées noires.
***
Demain sera perdu
Le goût du pain et le goût des baisers.
Quand nos enfants seront de minces mécaniques,
Les crayons de couleur auront perdu l'image.
Demain, le temps d'une main à serrer,
Le temps que met un homme pour quitter ses rivages,
Le temps que met le gel pour couvrir les forêts,
Le temps d'ouvrir les mains -notre espoir est bien vieux-
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Puis d'étrangler l'espoir et de fermer les yeux.
C.F.
5 mai 1977
Pour Emile
Ce poème, qui a plus de trente ans, n'est certes pas très gai... mais, hélas, toujours d'actualité... Aujourd'hui, je serais beaucoup moins encline à "étrangler l'espoir"...
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Allez, quelques photos de la dent de Crolles, pour alléger un peu l'atmosphère, et vous souhaiter un bon week-end:
06/08/2010, 06h14
04/08/2010, 05h18
03/08/2010, 18h00
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Au chapitre de la solidarité... des nouvelles de Prémaille:
voir ici... si vous êtes dans la région...